Il n’existe aucune formation pour apprendre à gérer le flux croissant d’informations, de messages et de données auquel chacun est aujourd’hui confronté. Alors, comment en retirer le meilleur ? Comment y faire face sans se sentir assailli(e) ? Comment éviter que cela ne complique votre vie personnelle et professionnelle ? Dans ce nouveau livre, coécrit avec Philippe Lemaire, nous vous donnons toutes les clés pour prévenir l’infobésité.
Un ouvrage détaillé pour apprendre à gérer efficacement l’information
Pour gérer efficacement cet afflux d’information multicanal, nous avons développé une méthodologie, intitulée le MOPI (Modèle d’Organisation Personnelle de l’Information). Mêlant rappels sur les fondamentaux de la gestion de l’information, conseils pour reprendre l’initiative, témoignages de professionnels, bonnes pratiques… Nous proposons également de nombreux outils complémentaires pour optimiser la gestion de cette masse croissante d’informations et aider chacun à en extraire les éventuelles pépites. Le livre a été réalisé pour vous aider à gérer efficacement l’information et mettre celle-ci au service de vos ambitions, de votre rôle ou de votre projet.
Bienvenue dans l’ère de l’infobésité
Directeur des systèmes d’Information d’un grand groupe public français, Jean-Marc constatait en 2022 qu’il gérait de plus en plus son activité à travers son smartphone, sur lequel il passait plus de 6 heures et 50 minutes par jour. Directeur du développement d’un assureur, Vincent a fait de son smartphone son seul outil de travail depuis 2019. Médecin généraliste, Mathieu enregistre en moyenne, durant une journée de consultations normale, 3 heures de temps d’écran sur son smartphone, prises entre deux patients ou ses moments de repos. Investi sur plusieurs fronts, Yohan assure une veille permanente pour filtrer les informations liées à son activité professionnelle de chercheur et à la présidence d’une grande fédération sportive. Peter, ancien skieur de fond de niveau olympique, devenu consultant sur une pratique de super-compensation ou « repos agressif », considère que gérer l’information est le cœur de toutes ses activités.
Quels que soient notre métier et/ou notre secteur d’activité, nous sommes de plus en plus nombreux à reconnaître être destinataires d’une masse croissante d’informations ; la gérer est devenu un aspect essentiel de notre travail, jusqu’à absorber une part importante de notre attention. De plus en plus, la réussite de nos réalisations professionnelles et personnelles dépend directement de notre capacité à manager efficacement ce flux de données qui nous parvient.
Le contexte global donne la mesure de cette réalité du 21e siècle :
- l’information nous suit partout : en 2021, en France, le smartphone a devancé la télévision en ce qui concerne la consultation de l’actualité (Famié-Galtier, 2022) ;
- c’est une course permanente à la fraîcheur : en 2018, 90 % des données disponibles dans le monde avaient été créées les deux années précédentes, selon une étude de Domo relayée par Planetoscope.com (Data NeverSleeps 5.0) ;
- certains acteurs se sont rendus indispensables : Google, avec un chiffre d’affaires de plus de 250 milliards de dollars en 2021, incarne l’importance du phénomène dans le monde d’aujourd’hui. Sa mission est « d’organiser les informations du monde et de les rendre universellement accessibles et utiles » et sa vision est « d’offrir l’accès aux informations du monde en un seul clic » ;
- les réseaux sociaux sont prépondérants : Kane estimait en 2020 qu’ils véhiculaient 60 milliards de messages chaque jour ;
- pour traiter, archiver et livrer ces informations, la puissance de calcul ne cesse d’augmenter : en 2009, Kegan et Lahey estimaient déjà qu’elle avait été multipliée par plus de 1 000 milliards depuis le milieu des années 1950 ;
- le volume d’information disponible est multiplié par deux tous les 18 mois (loi de Moore) et la masse d’informations créée dans les 5 dernières années dépasse celle des 5 000 années passées.
Les conséquences de ce flux croissant d’informations dans notre quotidien
Cette surabondance d’informations, de messages et de données présente des revers qui nous affectent tous jusque dans notre vie quotidienne :
- en 2015, selon une étude partagée par Microsoft, la durée moyenne du temps d’attention sur un sujet était passée à 8 secondes contre 12 secondes en 2000 ;
- en 2022, une étude à l’initiative de l’ObSoCo, de la fondation Jean Jaurès et d’Arte a mis en lumière la fatigue informationnelle des Français : 85 % d’entre eux ont le sentiment d’avoir toujours la même information ; 59 % considèrent avoir trop d’information ; 53 % pensent qu’ils n’ont rien appris d’intéressant ; 51 % avouent avoir du mal à hiérarchiser l’information ; 49 % ont du mal à se faire une opinion ;
- la baisse de la confiance dans les médias est planétaire et se poursuit, comme le soulignait Rodier en 2020, au point de figurer parmi les cinq principales tendances mondiales de la consommation d’information (au même titre que la préoccupation pour le dérèglement climatique, la hausse des paiements pour les informations en ligne, la concurrence que livrent les réseaux sociaux à la presse locale, la progression de l’écoute des podcasts) ;
- dans une chronique pleine d’autodérision, un journaliste anglais accro à Twitter, Joel Snape, du Guardian, est allé jusqu’à implorer Elon Musk de fermer ce réseau social afin qu’il puisse se libérer de son addiction et mieux utiliser son temps.
Quand l’infobésité s’incruste au travail
Le phénomène semble inarrêtable. Depuis les années 1980, la digitalisation du monde a placé l’information au cœur des activités économiques. Inépuisable et partageable à l’infini, elle se développe de manière exponentielle dans ses sujets, formats et vélocité, complète les ressources et l’énergie comme la matière essentielle à toute activité. La travailler et l’exploiter au mieux représentent un challenge quotidien :
- partagez des matières premières et produits, ils diminuent ;
- partagez des services, ils ne diminuent pas ;
- partagez l’information, elle augmente…
Ce flux massif et continu d’information vient nous compliquer la vie dans le cadre professionnel, d’autant que la nature cognitive du travail s’intensifie en raison de la technologie (Peter Kling, ancien athlète, consultant indépendant, 2022) :
- en 1981, Edelman soulignait déjà que manager les ressources, les personnes, la technologie et les idées, associé à la gestion de l’information professionnelle, était devenu une tâche herculéenne dont la complexité irait en s’accroissant ;
- en 1992, Kaufman projetait que l’incompétence informationnelle coûterait aussi cher à la société que l’illettrisme ;
- au début des années 2000, une étude de KPMG soulignait que les entreprises risquaient de gaspiller leurs investissements dans la technologie utilisée pour gérer l’information faute de s’attaquer à l’aspect « humain », identifié comme essentiel dans la gestion des connaissances (Abell, 2000) ;
- en 2006, Klusek et Bornstein déploraient que les entreprises ne reconnaissent pas encore officiellement la maîtrise de l’information comme essentielle pour leurs collaborateurs, alors qu’en pratique, elles exigent des compétences en la matière ;
- Forte (2022) précise que, sur nos cinq journées de travail hebdomadaires, nous en passons plus d’une à rechercher l’information dont nous avons besoin pour travailler ;
- Eisenberg, Lowe et Spitzer (2004) avancent que, dans une économie mondiale fondée sur l’information, les pays dont la population développe une littératie informationnelle forte connaîtront une meilleure réussite économique.
Quels sont les outils disponibles pour gérer cet afflux d’information multicanal ?
Alors que nous observons depuis près de 50 ans cet univers de l’information et l’évolution de nos contextes de travail qui en découle, quelles grandes conclusions en retirons-nous ?
La plupart des efforts dédiés à la gestion de l’information se concentrent sur l’aide au bon fonctionnement des organisations (systèmes de management de l’information, logiciels, CRM, intelligence artificielle, plateformes de gestion des données et connaissances, applications diverses mais aussi sources, lacs, entrepôts…). Dans ce tsunami d’outils, nous peinons à trouver des applications centrées sur la personne et dédiées à une gestion individuelle de l’information. Nous trouvons en revanche beaucoup de solutions sur la communication, les techniques de gestion de l’information chez les libraires et dans les bibliothèques, la gestion du temps, l’identification des signaux faibles et forts, l’optimisation de notre productivité, le journalisme, la littéracie informationnelle et le management de la connaissance personnelle, mais nous ne trouvons pas de cours ni d’applications centrés sur l’aide aux personnes dans leur gestion personnelle de l’information dans leur contexte professionnel.
Nous développons tous nos « méthodes » empiriques et sommes tous livrés à nos meilleures intentions. Kirton et Bartham (2005) soulignent que les problèmes liés à l’information dans l’entreprise sont désordonnés, ouverts et plus complexes. Badke (2007) précise que la littéracie informationnelle (ou son absence) est le plus grand angle mort de l’éducation aujourd’hui. C’est également la plus grande lacune sur tout lieu de travail où les personnes doivent traiter des informations parce que chacun peut acquérir et gérer l’information juste par l’essai-erreur. Il souligne que la maîtrise de l’information – au sens de sa compréhension – est cruciale pour notre avenir et doit être centrale dans nos réflexions et nos missions… Cette notion de littéracie informationnelle fait d’ailleurs l’objet d’un courant de recherches initié dès 1974 par Zurkowski.
Face à l’ampleur croissante du sujet, comment ne pas alors s’étonner qu’il ne soit pas couvert par les organismes de formation ni même les grandes écoles, hormis certaines initiatives des documentalistes et bibliothécaires de ces établissements ?
Prévenir l’infobésité : une question largement sous-estimée dans le cadre professionnel
Les indices d’une sous-estimation de la question ne manquent pas :
- aux États-Unis, selon la NACE, réseau qui regroupe les universités et les employeurs, le cursus universitaire (les « collèges ») apporte huit compétences de base essentielles pour lancer et mener une carrière réussie. Elles comprennent le développement professionnel et personnel, la communication, la pensée critique, l’équité et l’inclusion, le leadership, le professionnalisme, le travail d’équipe et la technologie (Beaupré, Simpson, Wallace et Walters, 2022). Ces compétences ont été développées à la suite de recherches menées auprès des services d’orientation professionnelle, des relations universitaires et des recruteurs. Si la qualité de ces travaux est indéniable, on peut déplorer qu’ils ne prennent pas en compte la gestion personnelle de l’information ;
- dans ses outils d’évaluation, Lominger, filiale de l’institut Korn-Ferry spécialisée dans l’identification et la promotion des compétences essentielles à la réussite en entreprise, ne met pas en avant la gestion de l’information comme une pratique clé (Demeuze, Tang et Daï, 2007). Dans son modèle de leadership, la Nasa parle de « manager l’information et la connaissance » et développe deux sous-pratiques : conscience et utilisation des technologies de l’information, management de la connaissance (Vieth, 2008). Mais rien de spécifique sur la gestion personnelle de l’information ;
- un article de Pauline Weritz (2022) distingue neuf compétences clés requises dans un environnement de travail digital : un esprit d’entreprise, une réflexion responsable sur le numérique, une culture du numérique, des compétences transformatives, des compétences en matière de développement personnel, des compétences en matière de communication, des compétences en matière de gestion de communauté, des compétences en matière d’analyse de données et des compétences en matière de développement Web.
Dans la compétence « développement personnel », elle mentionne le management de la connaissance, défini comme la capacité à trouver et à appliquer l’information dans des nouveaux contextes. Même si nous reconnaissons la pertinence de toutes ces compétences et expertises, nous nous interrogeons sur l’absence de propositions de pratiques liées à la gestion de la matière première associée à toutes ces compétences : l’information.
Nous sommes donc face à un champ de compétences en friche, qu’il nous paraît urgent de commencer à travailler. Cette lacune nous a incités à explorer ce qu’il convient de faire pour gérer personnellement et individuellement l’afflux incessant d’informations. L’objectif est de ne plus souffrir « d’infobésité », mais d’atteindre le statut confortable « d’info-navigateur ».
Une nouvelle méthodologie pour s’emparer du sujet
Dans « Prévenir l’infobésité : les clés de la gestion personnelle de l’information », nous vous proposons d’explorer les points suivants :
- La genèse
- L’information
- Les défis de l’information
- Votre profil
- Votre canevas de gestion de l’information : le modèle d’organisation personnelle de l’information (MOPI)
- Votre initiative
- La boîte à outils
Nous espérons avec cet ouvrage vous aider à renforcer votre capacité à naviguer sur les flux d’information au mieux de vos intérêts professionnels, de ceux de votre organisation et de la société en général.
Dans le chapitre « La genèse », nous revenons sur l’origine de notre observation afin de donner du sens et du contexte à la question de la gestion personnelle de l’information.
Dans le chapitre « L’information », nous nous penchons sur l’anatomie de l’information et l’examinons sous différents angles afin d’apprivoiser ses multiples dimensions.
Dans le chapitre « Les défis de l’information », nous abordons les différents paradoxes et principaux problèmes inhérents à la notion d’information.
Dans le chapitre « Votre profil », nous passons en revue les dimensions personnelles qui sont déterminantes pour gérer efficacement l’information.
Dans le chapitre « Votre canevas de gestion de l’information », nous présentons un modèle de gestion de l’information associé à un projet, à une période ou à un rôle qui peut vous aider à mettre en évidence de possibles pépites d’information et à construire une pratique solide de gestion de l’information : le MOPI comme modèle d’organisation personnelle de l’information.
Dans le chapitre « Votre initiative », nous proposons une série de questions permettant de guider toute initiative visant à améliorer votre capacité à gérer l’information.
Enfin, dans « La boîte à outils », nous proposons une série de bonnes pratiques associées à la gestion personnelle de l’information.
Un mot sur les auteurs
Journaliste et rédacteur free-lance, formé à l’ESJ Lille, Philippe Lemaire a travaillé plus de vingt ans au Parisien, à l’encadrement du service culture puis de la rédaction web. Son expérience de la presse quotidienne généraliste s’ajoute à celle de la presse spécialisée, avec dix années à la rédaction en chef de l’hebdomadaire CB News, dédié à l’actualité des médias et de la communication. Grand amateur de romans noirs, il signe des chroniques régulières sur le site littéraire Ernest.
Diplômé d’un doctorat en Business Administration, je (Frank Rouault) suis consultant, entrepreneur, enseignant et formateur. Créateur de Practical Learning the smart way to learnTM, j’ai publié plus d’une vingtaine d’ouvrages chez AFNOR Éditions, dont La gestion de crise, Employabilité, flexisécurité et sécurisation de l’emploi, Le Lobbying (collection « 100 questions pour comprendre et agir »), Comprendre et prévenir les risques psychosociaux en éradiquant les pratiques nocives, Construire les succès et Le management optimal…
Découvrir le livre « Prévenir l’infobésité »
Pour toute question relative au contenu de l’ouvrage, je vous invite à me contacter : cliquez-ici pour m’envoyer un message.
Pour commander l’ouvrage, je vous invite à vous rendre en librairie ou en ligne : cliquez-ici pour commander le livre « Prévenir l’infobésité ».
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Bonne lecture… et aventure !