Aujourd’hui, les applications destinées à trouver un emploi fleurissent sur apple store & android. Mitch, Corner Job, Kudoz sont les nouvelles-nées du “job dating”. Du cadre supérieur ultra connecté, au job saisonnier etudiant en passant par des missions plus techniques ou manuelles, l’offre de recrutement est vaste !
LE CV est digitalisé ou intégré directement à la candidature via le profil linkedin du candidat. Des plus professionnelles, aux plus déjantées, tout est fait pour attirer une nouvelle génération désillusionnée, en perte de confiance exponentielle pour le marché du travail. Comme sur Tinder, il faut parfois simplement swiper d’une offre à l’autre, et il suffit de deux likes (celui du postulant et celui du recruteur) pour que le match soit initié. Certaines applications comme Job around me ou job today vous promettent des offres qui s’adaptent à vos trajets quotidiens ou encore une réponse en 24 h. D’autres encore comme Talenteo incluent une dimension sociale et mettent en relation offres d’emploi et travailleurs en situation de handicap, bien trop souvent oubliés par les entreprises.
Les réseaux sociaux ont également pris d’assaut le marché du recrutement, ayant capté sa potentielle manne financière. Linkedin n’est plus un unique moyen de sourcer des candidats et des compétences, mais permet aux entreprises de mettre en relation des profils avec une offre d’emploi spécifique déposée sur linkedin jobs. Une option bien évidemment payante pour les entreprises ! D’autres réseaux comme Facebook sont en train de préparer leur stratégie pour concurrencer d’ici quelques mois Linkedin, et nous proposer des solutions de recrutement toujours plus innovantes.
Parallèlement, beaucoup d’entreprises continuent d’externaliser leurs recrutements et font appel à un cabinet. Ceux-ci ont largement fait leurs preuves et continuent de totaliser des chiffres d’affaires records pour les mastodontes du recrutement : bases de données spectaculaires, publication d’annonces, rédaction de vos offres d’emploi sont autant de services proposés dans des cadres où le travail reste calibré au millimètre près, et qui continuent de faire la part belle aux “process”. Les consultants, souvent spécialisés sont managés d’une main de fer, dans le but d’assurer une satisfaction client optimale : des recrutements de qualité en un timing record.
Mais quel est l’avenir pour ces cabinets de recrutement face à un monde digitalisé et qui a initié son ubérisation ? Sont-ils voués à mettre la clef sous la porte face à une nouvelle génération de jeunes sur le point de rentrer sur le marché du travail et enclins à bouleverser tous les codes ?
Cette génération Z est prête à tout pour mener la révolution enclenchée par sa prédécesseure Y. Elle lutte contre le bullshit jobs, prône un Management à l’horizontal, où le manager n’a qu’une place de guide et où le Chiffre d’affaires n’est plus un stimulant essentiel, et surtout elle centralise l’information sur les réseaux sociaux. Dématérialisée, la communication devient un élément instantané qui doit impliquer un smartphone et/où une application. Là où Y acceptait de prendre le temps de scroller son fil d’actualité ou de confectionner des albums photos souvenirs digitaux, la Z capte l’instant à travers le snap. Il lui suffit d’une micro seconde pour juger de son intérêt pour un post ou balayer d’un coup de pouce ceux qui ne retiennent pas son attention. On peut se demander pourquoi celle-ci ne serait pas en droit de rejeter un cabinet,qui en tout point n’est que la représentation schématique de l’inéluctable process qu’ils cherchent à tout prix à éviter, et même à combattre.
La réflexion nous pousse à un vrai paradoxe, celui d’une jeunesse ultra connectée et à la fois terriblement en quête d’humanité.
Il est donc nécessaire de pousser cette réflexion du recrutement “traditionnel”. Evidemment, le recrutement n’est pas qu’une questions d’outils. SI vous êtes une grande entreprise et que vous faites déjà appel à une structure de recrutement, c’est bien sûr d’une part pour bénéficier d’une structure présentant un vivier de candidats pertinents, mais également pour l’expertise métier d’un consultant, sa connaissance du marché, sa bonne psychologie qui lui permettre d’identifier le meilleur profil en terme de savoir-faire et de savoir être. Rassurez-vous ! Dans deux, voire trois ans, vous aurez toujours besoin de faire appel à de tels cabinets parce qu’il y aura toujours des talents cachés, introuvables sur tel ou tel réseau ou qui n’utilisera pas telle ou telle application.
La question qui se pose alors dès aujourd’hui est comment bien recruter un junior en 2017-2018 qui rentre tout juste sur le marché du travail. C’est au cabinet de recrutement de changer son fer de lance et d’adopter une stratégie plus ciblée. Il faudra bousculer les codes préétablis car les leviers de motivation de ces nouveaux candidats porteront davantage sur la bienveillance du Management plutôt qu’un salaire, ou une perspective d’évolution. Ils voudront un e-boss, capable d'interagir en trois clics avec ses employés, un nomade sans beau bureau et sans fioriture qui jadis imposaient le respect et soulignaient l’élévation sociale et hiérarchique. Ils voudront aussi un accompagnement rigoureux et une transparence dans la communication, valorisant en tout point leur place dans l’entreprise. Ils souhaiteront enfin avoir des missions responsabilisantes, pas trop longues et répétititives pouvant mettre en exergue leur créativité. Car dans un environnement clos, régulé, ou “burnouté”, ils n’auront aucune hésitation à claquer la porte, et même l’argent ne les retiendra pas !
Mickaël R.